CLONAGE THERAPEUTIQUE

Introduction

Le clonage thérapeutique est une technique qui vise à créer à partir de cellules pluri- ou totipotentes des organes ou des tissus humains à des fins thérapeutiques.

Il existe 4 techniques connues à ce jour, toutes en cours de recherche: le clonage thérapeutique proprement dit, l’utilisation de cellules issues d’embryons surnuméraires, l’utilisation de cellules souches présentes chez l’adulte et l’utilisation de cellules prélevées d’un cordon ombilical. Chacune de ces méthodes sera détaillée ci-dessous ainsi que les problèmes qu ‘elle soulève.


Les différentes applications thérapeutiques :


Maladies du système nerveux : ces méthodes permettraient de transplanter des neurones s’insérant dans le cerveau ou la moelle épinière ou produisant divers neurotransmetteurs faisant défaut. Cela permettrait de lutter contre la maladie d’Alzheimer, de Parkinson, la sclérose en plaques ou d’autres maladies neuro-dégénératives.


Infarctus du myocarde : les cellules du coeur qui sont détruites quand l’infarctus empêche le sang de circuler, pourraient être remplacer par des cellules musculaires cardiaques obtenues par ces techniques.


Maladies des os et du cartilage : de nouvelles cellules osseuses pourraient remplacer les os manquant suite à des traumas ou des interventions chirurgicales ou pourraient soigner des maladies telles que l’ostéoarthrite.


Cancers et maladies immunodéficitaires : de nouvelles cellules hématopoïétiques (= à l’origine notamment des cellules du système immunitaire) pourraient pallier les déficiences liées au système immunitaire dans des maladies telles que le SIDA ou, dans le cas de traitement du cancer, pourraient permettre une utilisation plus intensive des médicaments cytotoxiques.


Diabètes : ces techniques permettraient l’implantation dans le pancréas de cellules produisant de l’insuline.


Comment remplacer un tissu non fonctionnel ?


Les 4 méthodes envisagées : où en est la recherche et quels sont les freins éthiques qu'elle rencontre ?

Le clonage thérapeutique.


Après le prélèvement d’un ovocyte suivi de son énucléation, on y injecte le noyau d'une cellule adulte prélevée sur le malade. On obtient alors une cellule embryonnaire totipotente. Il s'agit ensuite d'orienter sa différenciation vers le tissu désiré qui sera finalement greffé sur le patient possédant le tissu non fonctionnel.


Utilisation d'un embryon surnuméraire compatible.


On prélève les cellules d’un embryon surnuméraire (issu d’une fécondation in vitro et qui ne fait plus l’objet d’un projet parental. On les fait ensuite se multiplier et se différencier vers le tissu désiré. Il faudra alors que le tissu formé soit compatible avec le malade à soigner.


Quels sont les avantages et les risques de ces 2 méthodes ?


Tout d'abord elles présentent le grand avantage d'éviter tout rejet de greffes puisque les tissus créés seront compatibles avec le malade. En revanche des questions se posent sur le devenir de ces cellules une fois intégrées dans le nouvel organisme : ne risquent-elles pas de devenir tumorales ? Comment s'assurer que leur patrimoine génétique ne contient pas d'anomalies ? Sont-elles susceptibles de perdre à long terme certaines de leurs caractéristiques ? De plus si la maladie à traiter provient d'une déficience génétique il faudrait au préalable modifier génétiquement ces cellules. Ceci accroît donc le nombre de manipulations à opérer.


Où en sont les chercheurs ?


Le clonage est encore loin d'être maîtriser car d'une part il implique la maîtrise de techniques très complexes, d'autre part les manipulations nécessaires étant interdites dans la plupart des pays, la science manque de fonds pour pouvoir effectuer d'efficaces recherches. Les recherches en sont donc au stade initial, cependant on sait déjà repérer les cellules souches embryonnaires grâce à leurs caractéristiques morphologiques ainsi qu'à leurs marqueurs. Parmi les laboratoires qui y travaillent, des cellules souches embryonnaires de 64 individus ont été isolées, conservées par congélation ou par mise en culture. Elles peuvent ainsi continuer à grandir tout en conservant leur caryotype. Certaines ont déjà donné lieu à la formation de tissus ectodermiques, endodermiques et mésodermiques. D'autre part elles semblent pouvoir conserver leur caractère de pluripotence pendant plus de 12 mois. Le but des prochaines recherches est donc de déterminer les meilleures conditions de croissance de ces cellules ainsi que le contrôle de la différenciation en cellules spécialisées comme des neurones, des cellules musculaires, des cellules productrices d'insuline... Ces recherches nécessitent l'étude plus approfondie du contrôle génétique de la différenciation cellulaire.


Les problèmes éthiques soulevés et les différentes réactions qu'ils suscitent.


- Les sujets de débat actuels :


"Qu'est ce qu'un embryon ?"

Cette question est en effet à la base du débat car si un embryon est déjà un être humain, alors nous ne pouvons pas lui faire ce que nous ne ferions pas à une personne. Mais si un embryon est juste un ensemble de cellules humaines alors les restrictions à appliquer sont moindres. Ce qui est sûr est qu'il possède un statut unique de part sa potentialité à devenir un être humain. Il faut en effet le respecter en tant que source de vie mais de quelle façon ? A ce sujet les opinions divergent. Pour le professeur Axel Kahn il serait peut-être plus digne pour un embryon de servir à sauver des vies humaines plutôt que de finir jeté dans le fond d'un lavabo.. Le problème est donc le suivant : "Est-il légitime d'utiliser l'embryon à des fins de recherche ?".


De plus, ces méthodes sont l’objet de débats : l’interdiction de celles-ci est souhaitée car on y voit le début du clonage reproductif. Mais Henri Atlan, biologiste émérite à la faculté de médecine Broussais-Hôtel-Dieu de Paris, soutient qu’il s’agit d’une instrumentalisation d’artéfacts cellulaires et non d’une rédification d’embryons humains car les noyaux utilisés ne sont pas issus d’une fécondation. Henri Atlan est, par ailleurs, favorable à une interdiction internationale avec criminalisation du clonage reproductif.


Enfin le clonage thérapeutique risque de provoquer le trafic d’ovocytes. Les points de vue religieux sont aussi très écoutés car jusqu'où les recherches médicales peuvent aller sans bafouer leurs croyances quant au caractère sacré de la vie humaine ?


- Les divergences religieuses : Les manipulations sur les embryons seraient acceptées par l'Islam si elles sont réalisées avant la naissance de l'âme qui aurait lieu le 40ème jour après la fécondation. De même pour le christianisme le statut de l'homme s'acquiert peu à peu et ne l'est donc pas encore au cours dès premiers stades de l'embryon. Cette acquisition se fait dans le judaïsme après l'implantation ce qui autoriserait les recherches à des fins thérapeutiques sur des embryons surnuméraires conservés in vitro sans perspective d'implantation, car sauver des vies humaines est doté d'une grande importance.
En revanche l'être humain existant dès la fécondation pour les catholiques, l'embryon est un individu ayant droit à sa propre vie et ne peut donc en aucun cas faire l'objet d'un sacrifice pour la recherche médicale.


- Quelques arguments en faveur ... :


En premier lieu, les espoirs thérapeutiques sont tels qu'il est difficile pour beaucoup d'envisager de renoncer à l'exploration de cette voie.

Par ailleurs nous devons bien situer le débat dans un contexte mondial, car en prenant le cas d'un pays qui refuse catégoriquement toute recherche sur des cellules embryonnaires, que fera-t-il dans quelques années si d'autres pays l'ayant autorisés possèdent de nouvelles méthodes de guérisons de maladie actuellement non soignées ? Soit il refuse leur utilisation ce qui signifie refuser de sauver des vies humaines alors qu'il en existe les moyens... Soit il accepte d'appliquer ces méthodes alors qu'il a rejeté la procédure qui a permis leur mise au point... Ce point est en effet un réel problème car nous ne pouvons non plus suivre par contrainte des décisions que nous ne reconnaissons pas..


Ainsi de fortes convictions s'opposent quant au démarrage des recherches sur ces voies thérapeutiques, mais la manipulation d'embryon pour la recherche biomédicale ne peut rester l'affaire de convictions personnelles. La recherche doit être encadrée par une réglementation minimale. C'est apparemment à l'heure actuelle l'affaire de chaque nation de trouver un consensus...


L’utilisation de cellules souches adultes.


Tandis que le débat sur les manipulations d’embryons humains fait rage, une alternative se profile. L’organisme adulte serait un vaste réservoir de cellules souches. Présentes au coeur des organes, ces dernières sont destinées à remplacer les cellules abîmées et à régénérer des tissus. Elles sont cependant plus spécialisées que des cellules embryonnaires. Leur prélèvement, leur isolement, leur amplification dans un milieu adéquat de culture, leur différenciation vers de nouvelles fonctions pourraient permettre de les réimplanter dans l’organisme en vue d’applications thérapeutiques.


Les difficultés rencontrées par la recherche


En attendant l’autorisation de travailler sur les embryons humains, la recherche sur ces cellules souches adultes avance. De multiples difficultés persistent : le contrôle de la multiplication des cellules en culture, de leur différenciation, la garantie de la stabilité des caractères qu’elles expriment et celle de leurs gènes, le risque de prolifération tumorale…De plus, les cellules souches provenant d’un adulte sont particulièrement rares et difficiles à isoler. On recherche les ingrédients de la multiplication et leur survie dans le milieu de culture et de leur différenciation. Les cellules adultes se mettent facilement au repos, c’est pourquoi les milieux de cultures appliqués aux cellules embryonnaires ne sont souvent pas efficaces sur les cellules adultes.


Les avancées de la recherche


On a longtemps pensé que les cellules souches adultes montraient de nombreux inconvénients comme leur faible nombre, leur appartenance à quelques tissus particuliers, leur aptitude modérée à se proliférer; et que leurs applications thérapeutiques seraient plutôt limitées.

Cependant, depuis deux ans, on découvre que la plupart des tissus disposent d’une réserve de cellules souches. On a réussi ces derniers mois à extraire des cellules souches du tissu adipeux, on a trouvé des cellules souches dans les follicules pileux et on sait maintenant depuis 1992, qu’il existe des cellules souches neuronales logées dans le cerveau. La maîtrise de cette neurogenèse permettraient le développement d’outils thérapeutiques pour le traitement des lésions cérébrales ou des maladies neurodégénératives.


Une nouvelle voie se présente actuellement : la greffe de cellules nerveuses sur des cerveaux provenant de personnes venant de décéder. Sur le plan éthique cette technique présenterait l’avantage de rendre inutile le recours aux tissus foetaux ou au clonage thérapeutique mais elle pose d’autres questions. On peut craindre que cette greffe entraîne une greffe de la pensée, ce qui est improbable puisqu’il ne s’agit que de greffer des neurones et non de créer des connexions entre eux. Les risques de rejet de greffe sont eux aussi à exclure puisque le système immunitaire est peu actif dans le cerveau. Enfin, cette méthode pourrait aussi provoquer un risque de commerce de cadavres ou de trafic de jeunes enfants, étant donné la rareté de ces cellules utilisables.


De plus, on découvre que les cellules souches adultes ne sont pas prédestinées à engendrer uniquement quelques types cellulaires présents dans le tissu qui les héberge. En effet, des expériences récentes montrent qu’il suffit de les placer dans un environnement adéquat pour modifier leur destinée. Par exemple, les cellules souches du tissu osseux peuvent donner naissance à des tissus conjonctifs, adipeux, cardiaque, et même à des neurones.. De même, les cellules fondatrices des lignées sanguines peuvent se différencier en cellules du foie, du poumon, des voies gastro-intestinales et de la peau.

Les premiers espoirs thérapeutiques.


Les premières expérimentations sur l’homme sont en cours, notamment dans l’espoir de traiter des maladies dégénératives du cerveau (Parkinson, Alzheimer). En août 2001, des américains ont réussi à montrer que des cellules normalement programmées pour le renouvellement osseux pouvaient représenter une source de neurones acceptable.


Des expérimentations sont aussi menées dans le but de répares les lésions cardiaques laissées par un infarctus. En 2000, en France, la première greffe de cellules souches musculaires a permis la reconstruction et le bon fonctionnement d’un coeur lésé.


Une méthode de culture in vitro a été mise au point en France pour obtenir des globules rouges à partir des cellules souches de la moelle osseuse, cette méthode représente donc un espoir immense dans le domaine de la transfusion sanguine.

Conclusion: Il devient donc envisageable de prélever des cellules souches adultes les plus accessibles (dans la peau ou dans la moelle osseuse, par exemple ) de les guider vers un nouveau destin cellulaire, puis de les réimplanter dans un autre tissu. Cette méthode est donc une alternative séduisante à la manipulation des cellules embryonnaires, très controversée.

2018 Le Clonage Thérapeutique


L’utilisation des cellules du cordon ombilical.


Cette méthode consiste à prélever des cellules souches présentent dans un cordon ombilical de nouveau-né (qui doit être compatible avec le malade). Elles seront ensuite cultivées et orientées vers la différenciation souhaitée. Le tissu ainsi généré sera alors implanté dans l’organisme du malade.


Problèmes éthiques soulevés:


Le problème vient de la considération suivante : les cellules du cordon ombilical appartiennent-elles à l’individu ? Et si oui, les prélever serait elle une atteinte à son identité ? Aurait-on le droit de les extraire sans l’accord de l’individu ?
D’autre part cette méthode présente le risque suivant : lorsqu’un enfant est atteint d’une grave maladie, les parents seraient susceptibles d’en faire un autre uniquement pour soigner le premier.


Extrait de :
http://www.inapg.inra.fr/