LA CONSOMMATION ET LES DECHETS

La consommation « durable » se préoccupe de la gestion des déchets engendrés par les biens acquis, et ce tout au long de leur cycle de vie.

INTRODUCTION

Victor Hugo disait déjà en 1862 : « Le tas d’ordures a cela pour lui qu’il n’est pas menteur… ». En effet, l’étude des déchets permet d’analyser une société, sa façon de vivre et de consommer (« Dis-moi ce que tu jettes, et je dirais qui tu es »).

Nous avons une certaine vision de notre passé par le biais des nombreux films qui nous ont notamment emmenés dans les cours somptueuses des Rois de France. Force est de constater que même quand on nous montre des rues glauques à l’ombre de ces palais ou encore ( si on remonte plus dans le temps) d’autres ruelles moyenâgeuses…nous sommes loin de ce que devait être la réalité.

Si dans les campagnes, le résidu est matière fertilisante (fumure) ou nourricière (nourriture des bêtes), le cycle de la matière est rompu par le développement des cités.

La concentration des hommes et de leurs déchets dans un espace deviendra vite un cloaque urbain mettant en évidence une quête historique de purification de la ville.

« Les cités occidentales étaleront leur saleté pendant plusieurs siècles et les tableaux décrits par les témoins et historiens soulignent à l’envi une concentration de boues, déjections, ordures…dégageant des odeurs pestilentielles » (Lhuilier, Cochin, 1999).

Si plusieurs grands dirigeants se sont inquiétés de la situation, à Paris, nous devons à François Ier une première tentative de tri et de nettoyage systématique des rues.

Le 18ème siècle verra l’éclosion du mouvement hygiéniste. C’est à ce moment que l’air, via les odeurs, est soupçonné de véhiculer des « miasmes » malsains (la peste illustre particulièrement cette croyance). Cela dit, la désinfection est d’abord désodorisation !

La découverte par Pasteur des micro-organismes assure à l’hygiénisme une légitimité certaine. La propreté finit par devenir un devoir, une nécessité sociale.

Au 19ème siècle, le 24 novembre 1883, naît notre poubelle : le préfet de Paris, Eugène-René Poubelle fait paraître un arrêté obligeant tous les propriétaires à acheter des boîtes à ordures. Trois boîtes étaient obligatoires : une pour les matières putrescibles, une pour le papier et les chiffons et une autre pour le verre et la faïence.

En France, la première usine d’incinération de déchets est construite en 1893 près de Javel (près de Paris).

La civilisation industrielle vint ensuite amplifier et rendre plus complexe le problème du traitement des déchets domestiques.

Actuellement, l’envahissement des déchets ne tient pas seulement à la production accélérée de ceux-ci mais également à la résistance de plus en plus importante de l’élimination de ces derniers.

Nous sommes entrés dans la « civilisation-déchets » avec un renversement d’attitude à son égard : alors que dominait une volonté d’ignorance du devenir des restes de notre consommation, ceux-ci font aujourd’hui irruption dans l’espace public. On note un désir accru de répertorier le déchet, de le légiférer et de le contrôler.

Qu’est-ce qu’un déchet ?

Définition et Classification.

D’après le Petit Robert : résidu impropre à la consommation, inutilisable ( et en général sale ou encombrant) ; ou encore, résidu d’une matière qu’on a travaillée.

Pour la Région wallonne : toute substance ou tout objet dont le détenteur se défait ou dont il a l’intention de se défaire.

On peut distinguer deux grands types de déchets :

  1. Les déchets ménagers : issus de l’activité usuelle des ménages ou assimilés comme tel (certains déchets des commerçants et PME, des collectivités, des administrations,…)
  2. Les déchets industriels : issus d’une activité économique (à l’exception des déchets assimilés, c’est à dire que l’on peut assimiler à des déchets ménagers).

Pour préciser les choses, la Région wallonne a mis au point ( en conformité avec les réglementations européennes) le Catalogue des déchets. Il établit une nomenclature de référence des déchets classés en déchets dangereux, inertes et déchets assimilés aux déchets ménagers.

La composition de la poubelle

Selon le Réseau éco-consommation de la Région wallonne, en 1998, les Wallons produisaient près de 1 million de tonnes de déchets ménagers par an. Ce qui équivaux à 288 kg de déchets par an et par habitant.

 Se plaçant dans une logique de développement durable, il est apparu indispensable, pour la Région wallonne, de prendre en compte l’impact de notre mode de vie sur notre environnement et donc de planifier la politique des déchets:

  • priorité absolue à la prévention

Il s’agit d’éviter au maximum la production de déchets et les nocivités liées à ceux-ci.

  • Valoriser autant que possible

Le recyclage est préféré à la valorisation énergétique

  • Recourir le moins possible à l’élimination

Dans ce cadre, dès 2005, seul l’enfouissement des déchets ultimes sera encore autorisé. Les déchets ultimes sont ceux qui ne sont plus susceptibles d’être valorisé ou traités en vue de réduire leur caractère polluant ou dangereux.

 

La prévention : et si on produisait moins de déchets ?

Et si on consommait autrement ? Pas forcément moins mais plus intelligemment, en étant plus responsable !

Selon le Réseau Eco-consommation de la Région wallonne, les emballages peuvent représenter 50% du volume de nos poubelles et 30 % de leur poids !

S’il est indéniable que l’emballage a une utilité (protection, transport,…), il faut réfléchir justement jusqu’où va l’utilité de cet emballage.

Quelques actes simples nous permettraient d’acheter moins de déchets.

Quelques exemples :

  • Acheter des produits frais.
  • Utiliser des emballages consignés (bouteilles,…),
  • Utiliser des grands conditionnements,
  • Utiliser des gourdes et boites à tartines,
  • Utiliser des sacs réutilisables ou caisses lors des commissions,
  • Etc…

Et si on n’a pas toujours le choix, nous avons tous la possibilité de mettre en pratique l’une ou l’autre action de prévention. Pour ce qui est du choix, il s’accentuera quand les consommateurs le demanderont : le pouvoir du consommateur est énorme !

Mais ouvrons encore un peu plus le champ de la réflexion : un comportement préventif, c’est aussi l’utilisation de produits plus respectueux de l’environnement (lessives écologiques,…). Le déchet « 0 » n’existant pas, préférez des produits présentant des emballages recyclables et enfin, contenant des produits recyclés (le papier,…).

D’une manière encore plus globale, une consommation plus respectueuse de notre environnement s’impose. En plus, ce « bon sens écologique » nous permet souvent de réaliser des économies et en tous cas, ne nous empêche pas de vivre avec un confort certain !

 

Le compostage

Le compostage est un processus biologique naturel. De très nombreuses espèces de micro-organismes (bactéries, champignons,…), d’insectes, acariens, vers, etc…se développent par millions sur les déchets organiques et se nourrissent des sucres, de protéines, de celluloses et d’autres constituants des matières organiques.

Le compostage réalisé par l’homme n’est que la copie et l’adaptation de ce processus naturel pour ‘traiter’ et valoriser ses propres déchets organiques.

Le compostage individuel.

  1. Pourquoi composter ?

   

  1.  Pour transformer vos matières organiques en amendement pour le jardin et le potager.
  2.  Pour diminuer la quantité de déchets organiques dans votre poubelle et donc aussi diminuer le coût en sacs payants.

 

  1. Comment composter ?

 

  1. a) Qu’est-ce qui est compostable ?

Nous pouvons considérer que les déchets organiques peuvent se classer dans deux catégories : les déchets verts (riches en azote) et les bruns (riches en carbone)

Verts = Azotés

Bruns = Carbonéss

Ex. : - déchets de légumes (salade, ...)

      - fleurs fanées

      - tontes de gazons en petite quantité

      - petits restes de produits alimentaires

      - déchets de jardin (mauvaises herbes NON « montées », fanes de légumes...)

- pelures d’agrumes (pas trop)

Ex. : - feuilles mortes

       - taille de haies

       - sciure et copeaux

       - marcs de café

       - papiers de cuisine

       - coquilles d’œufs

  1. b) Comment procéder ?

- débuter par une couche de bruns (branchettes), pour l’aération du futur compost;

- alterner des couches de verts (azotés) et de bruns (carbonés) en volume égal (il est important d’assurer cet équilibre pour un bon fonctionnement);

- contrôler le taux d’humidité (ni trop sec, ni détrempé);

- couvrir (paille, toile géotextile, …)

- aérer (à l’aide d’une flèche spéciale ou d’une fourche) pour accélérer la décomposition, toutes les semaines (pour les « compostières »);

- retourner complètement (1 à 2 fois / an).

  1. c) Le compost n’est pas une poubelle !

N’essayer pas de composter des matières non biodégradables dans votre compost.

    Ce n’est pas une poubelle !

  1. d) Quels sont les différentes manières de composter ?

    Selon l’esthétique, la composition et la qualité de vos déchets organiques et la place disponible dans votre jardin, vous pouvez composter :

      - en tas allongé pour les grands jardins;

       - en fût et en silo, facile à utiliser;

       - en caisse (bacs en bois) pour les jardins moyens;

       - en lombri-compostière pour les balcons par exemple.

  1. Quand sera-t-il prêt ?

 

La durée du processus dépend de nombreux facteurs :

    - le type et la quantité de matières;

    - le nombre de retournements;

    - les conditions climatiques;

    - l’humidité (ni trop sec, ni trop humide).

 

En été, vous pouvez compter sur un compost demi-mûr, utilisable après 4 mois et 1 à 2 retournements. La matière rassemblée en hiver et au printemps sera prête en été.

  1. Comment reconnaître un bon compost ?

Cela ressemble au terreau. On ne retrouve plus les matières de départ.

Le recyclage

La récupération et le recyclage des matériaux contenus dans les déchets permettent d’économiser des matières premières et de l’énergie. Le déchet « 0 » n’existant pas, cette technique est indispensable pour transformer les déchets inévitables en matière première et ainsi entrer à nouveau dans un cycle de fabrication.

Un exemple « actuel », les emballages :

La Commission européenne, via la Directive 94/62 du 20 décembre 1994, s’est employée à stimuler les fabricants à assurer le recyclage des emballages mis sur le marché. Cette dernière vise à responsabiliser les fournisseurs d’emballages et indique quelles sont les normes de recyclage pour les emballages qui doivent être atteintes dans les Etats membres.

En Belgique, la Directive 94/62 s’est traduite par l’Accord Interrégional de Coopération en matière d’emballage en vigueur depuis le 5 mars 1997.

FOST+

Pour organiser la gestion de la collecte et du recyclage, l’asbl FOST+ a été créée en 1994. Elle regroupe des entreprises (fournisseurs d’emballages) de différents secteurs. Des entreprises cotisent donc pour bénéficier des services de FOST+ et de ce fait, FOST+ a permis aux entreprises de répondre aux exigences de l’Europe.

Le bilan 1999, de l’asbl, montre notamment une collecte de 99,2 kg/hab/an d’emballages (compris : journaux et magazines) en Belgique. 73 % des emballages sont manifestement recyclés.

La valorisation énergétique

Il s’agit en fait de l’incinération des déchets avec récupération de l’énergie.

Lorsque l’on parle de co-valorisation énergétique, on évoque les techniques qui permettent d’utiliser le potentiel énergétique des déchets en remplacement des combustibles fossiles (charbon, pétrole, …). Ce sont souvent les cimentiers qui utilisent cette technique. Dans ce cas, n’importe quel déchet ne peut être brûlé n’importe comment et de nombreuses contraintes doivent être respectées, et ce, afin d'obtenir une bonne qualité de ciment.

La biométhanisation

La biométhanisation consiste à faire fermenter dans des cuves hermétiques à l’air (« digesteurs ») des matières fermentescibles (lisier, déchets de cuisine et de jardin, boues de station d’épuration, déchets de l’industrie agroalimentaire,…)

Sous l’action des microorganismes, la biométhanisation produit deux composés valorisables :

  1. Le bio-gaz qui contient principalement du méthane (45-65%) et du co2 (20-40%). Le méthane est également le composant principal du gaz naturel. Son pouvoir calorifique est supérieur à celui de l’essence.
  2. Le digestat est un résidu solide riche en matières organiques. Après un affinage (pressage, compostage), il peut être transformé en compost et utilisé comme amendement organique.

La biométhanisation permettant également le traitement des déchets fermentescibles à forte teneur en eau, voir même liquide, elle peut donc présenter une alternative ou en tout cas une technique complémentaire au compostage industriel.

En Wallonie, une des dernières concrétisations de cette technique a été réalisée par l’intercommunale ITRADEC pour la région de Mons-Borinage.

L’incinération

L’incinération industrielle permet sans conteste de « régler » un problème urgent qu’est la recherche d’une réduction rapide du volume toujours croissant des déchets. Cela dit, s’il y a bien perte de volume, il y aussi concentration des éléments toxiques dans les résidus de combustion (mâchefers) et dispersion de composés gazeux ainsi que des particules qui peuvent être hautement toxiques.

Si de grandes améliorations sont effectives pour la filtration des fumées notamment, un inconvénient parmi d’autres (déjà cités plus haut) reste le manque de souplesse dans la quantité de déchets « nécessaire » pour assurer la rentabilité de l’installation, laissant peu de place à la prévention des déchets.

 

La mise en C.E.T.

Ne dite plus « mise en décharges » mais bien « mise en Centres d’Enfouissement Techniques » (C.E.T.).

Ces dernières années, la conscience environnementale ayant été de plus en plus forte, il est devenu de plus en plus difficile d’admettre que les déchets tant ménagers qu’industriels soient simplement éliminés dans des trous « fourre-tout » ne bénéficiant pratiquement d’aucune précaution particulière ; façons de faire qui ont quelque fois débouchées sur de véritables problèmes de santé publique et en tous cas très souvent sur des atteintes environnementales notables.

C’est au travers du Décret du 27 juin 1996 que l’on retrouve les principales innovations concernant la gestion des C.E.T..

La notion de « centre d’enfouissement technique » est préférée à celle de décharge contrôlée, utilisée dans l’ancien décret (05/07/85), parce qu’elle reflète mieux les hautes exigences techniques auxquelles sont actuellement soumis tant l’aménagement des sites que les maniements des déchets lors de l’élimination sur ou dans le sol.

Actuellement, il existe plusieurs catégories de C.E.T. dont :

  1. De classe 1 : pouvant accueillir des déchets industriels dangereux, non toxiques ;
  2. De classe 2 : pouvant accueillir des déchets industriels non dangereux, des ménagers et assimilés  ;
  3. De classe 3 : pouvant accueillir des déchets inertes ;
  4. De classe 4 : élimination des déchets toxiques

 

Cas particulier des déchets dangereux.

De par leurs caractéristiques (irritant, nocif, toxique, cancérigène, corrosif, infectieux, tératogène ou mutagène), les déchets dangereux peuvent porter atteinte à la santé.

Que deviennent nos déchets dangereux (encore appelés petits déchets chimiques ; déchets spéciaux des ménages)  ?

  • Piles : - alcalines => décharge (« inertées ») (d’où l’intérêt des piles rechargeables !)
  • boutons => recyclées (Argent/mercure)
  • Peintures : broyage => séparation ferraille (recyclée) & résidus => incinération comme combustible : valorisation énergétique
  • Huiles et graisses minérales : traitement => combustible
  • Produits d’entretien : neutralisation => Station d’épuration (eau – boues en décharge)
  • Produits phytosanitaires. : incinération (Anvers)
  • Aérosols : incinération des gaz / Aluminium en décharge
  • Batteries : acides neutralisés / Plomb fondu
  • Tubes lumineux : armature, verre, gaz, poudre de mercure => recyclés
  • Solvants : solvants chlorés => récupération du Chlore
  • Encres : idem que pour les peintures.
  • Médicaments : incinération
  • Huiles et graisses de cuisine : aliments pour bétail

Outre le problème de santé publique, le problème environnemental soulevé par les déchets dangereux est la contamination des milieux : eau, air, sol. Mais finalement, il s’agit bien du même problème qui forme un tout….

 

La bioamplification.

Toute substance qui contamine un milieu naturel peut être incorporée par les êtres vivants. Si l’on peut compter sur une certaine dilution des produits polluants dans le milieu, celle-ci a ses limites.

De plus, il faut compter sur la tendance à concentrer ces polluants dans l’organisme des êtres vivants (bio-concentration).

Il existe, en fait, de véritables concentrateurs biologiques, qu’ils soient végétaux (les algues par exemple) ou animaux (les coquillages).

Quelques exemples : une huître peut avoir dans ses tissus et organes une concentration d’une substance 70.000 fois supérieure à l’eau de mer dans laquelle elle se trouve ! Les lombrics peuvent également présenter une concentration de pesticide 10 fois supérieure par rapport à la terre dans laquelle ils vivent.

Donc, deux problèmes se posent :

  1. Dispersion des polluants sur de plus grandes étendues (pensez, par exemple, aux animaux migrateurs).
  2. Bioconcentration

Pour peu que ces substances ne soient pas dégradables, il peut alors apparaître un phénomène d’amplification.

Ces organismes (concentrateurs) servent de nourriture à d’autres organismes (via la chaîne trophique) qui vont alors accumuler les polluants à leur tour (bioamplifacation).

 

Ainsi, partant de polluants relativement dilués, on arrive à des concentrations substantielles dans les organismes, concentrations qui deviennent assez importantes pour être toxiques. Ce phénomène est d’autant plus marqué pour les êtres vivants se trouvant en bout de chaîne, comme les prédateurs (prenons au hasard… l’Homme par exemple !).

Ajoutez à cela les flux de la matière et on obtient ainsi un effet « boomerang », ramenant nos déchets dans notre assiette par exemple.

 

Quelques exemples des effets de certaines substances :

  • L’accumulation du plomb (combustions diverses, métallurgie, tabagisme,…) : peut engendrer le Saturnisme, anémie qui peut devenir mortelle.
  • L’intoxication à long terme par le mercure (fongicides, volcanisme, piles,…) peut être responsable de troubles rénaux, mais surtout de troubles neurologiques et mentaux.
  • Le cadmium (dans les plastiques, industrie électrique,…) peut, lui, être responsable de problèmes respiratoires, osseux et sanguins. Il est aussi cancérigène.

 

L’incinération individuelle.

Avec l’avènement des systèmes payants tels que les sacs payants ou les poubelles à puces, force est de constater une recrudescence de l’incinération d’une partie de ses déchets dans le fond de son jardin. Histoire que cela coûte moins cher…

Encore une fois, il semble claire que la plupart des citoyens ne se rendent pas compte de l’impact que peut avoir ce comportement (considéré comme marginal par la plupart) sur la qualité de l’air mais aussi du sol environnent.

De nombreux aspects rendent la sensibilisation difficile : l’aspect culturel du feu « purificateur » ; la pollution non visible (la fumée s’en va, « disparaît », le feux fini par s’arrêter,…) ; le manque de vision globale, …le côté pratique, etc…

Ce geste « local » est pourtant loin d’être insignifiant, et ce, au vu de certaines études qui tendent bien à démontrer l’importance que peut prendre l’incinération individuelle dans, notamment, la formation de dioxines et furannes.

Dioxines et furannes : composés durs à cuire…

Il existe un nombre important de dioxines ; elles constituent ce que l’on appelle des composés organiques.

Quelques caractéristiques importantes :

  • Les dioxines présentent toutes (d’après F. Ramade, 2000) une toxicité élevée pour l’ensemble des êtres vivants (poissons, Hommes,…). Ceci peut se traduire par des troubles cutanés, nerveux et/ou du système immunitaire, certains cancers, des avortements,…
  • Elles sont très stables chimiquement (de plusieurs mois à plusieurs années pour leur destruction) et cela aussi bien dans les graisses du corps humain (plus de 10 ans) qu’à l’air libre (certains auteurs parlent d’une présence ad vitam dans l’environnement).

Ces deux caractéristiques en font de redoutables contaminants des sols.

Elles se forment lors d’une combustion incomplète de divers composés chlorés (par exemple : certains plastiques ou pesticides comme certains fongicides utilisés pour le traitement du bois,…).

Origines des dioxines :

Parmi les sources, nous retrouvons, les processus de combustion (en particulier, donc, quand elle est mal contrôlée) comme l’incinération des déchets. Nous pouvons pointer également la métallurgie, la chimie des organochlorés (synthèse d’herbicides par exemple), le chlore « réactionnel » dans l’industrie (blanchiment du papier) et le trafic routier.

NB : le chlore est présent partout, y compris dans l’air ( influence maritime, notamment, dans nos régions) sous forme de chlorures (Na Cl : sel). Donc, notamment dû à ce fait, l’incinération de bois à l’air libre produit des dioxines.

Impacts de l’incinération individuelle :

D’après une étude de l’EPA (Environnemental Protection Agency du gouvernement américain), la combustion des déchets ménagers de 40 ménages suffit à produire autant de dioxines qu’un incinérateur brûlant des déchets de plusieurs milliers de citoyens (Environnemental Sciences & Technology, 2000, 34, p 377).

En Suisse, l’Office fédéral de l’environnement, des forêts et du paysage (OFEFP) s’est également inquiété du phénomène. Il met en évidence que l’incinération des déchets dans le fond du jardin contribuerait, en effet, à produire une pollution par les dioxines et les furanes deux fois plus importante que toutes les usines d’incinération réunies ! Et d’affirmer qu’un incinérateur de jardin utilisé pour incinérer des emballages pollue 1000 fois plus qu’une usine moderne équipée d’un système performant de lavage des fumées.

Une histoire belge… ?

Il semble bien, que la vente des incinérateurs de jardin soit permise (vérifiable dans de nombreux centre de jardinage et bricolage ) mais que son utilisation soit interdite, en tous cas, en Région wallonne ! (indirectement, décret régional du 27 juin 1996)

Mais, il n’y pas que les dioxines dans les fumées…il y a aussi du co2 (gaz carbonique), un des gaz à effet de serre, dont on a beaucoup parlé ces derniers temps.

 

Les déchets nucléaires

Définition :

Lorsque l’on dit de déchets qu’ils sont radioactifs, cela signifie qu’ils émettent des rayonnements. Les déchets radioactifs sont classés et traités en fonction de certains critères tels que le type et l’intensité des rayonnements émis, le dégagement de chaleur et la période radioactive de ses composants (qui détermine la vitesse à laquelle ils perdent leur radioactivité).

Origine :

Ils résultent de la production d’électricité d’origine nucléaire, de l’utilisation de matières radioactives (en médecine, dans l’industrie, dans l’agriculture et dans la recherche), de l’extraction et du traitement de matières qui sont légèrement radioactives à l’état naturel (telles que les minerais de phosphates, le pétrole et le gaz), et des programmes nucléaires militaires.

Sous le vocable « déchets nucléaires », on retrouve le plus souvent les déchets produits par l’industrie électronucléaire. L’uranium (radioactif à l’état naturel) est la matière première de cette industrie.

Catégorie :

Les déchets nucléaires peuvent être solides, liquides ou gazeux et contenir différentes concentrations d’éléments radioactifs très divers. Chaque élément radioactif émet des rayonnements d’un type et d’une énergie spécifiques :

  1. Le rayonnement alpha: peu pénétrant, arrêté par une simple feuille de papier
  2. Le rayonnement bêta: plus pénétrant, arrêté par une feuille métallique
  3. Le rayonnement gamma: encore plus pénétrant, ne peut être arrêté que par une forte épaisseur de béton, d’acier ou de plomb.

En général, les critères de classement des déchets sont la concentration de matières radioactives présentes dans les déchets et, par conséquent, l’intensité des rayonnements émis, ainsi que la période radioactive des déchets, qui peut aller de quelques décennies à plusieurs millions d’années.

Utilité :

Le pouvoir énergétique du combustible nucléaire est énorme. En effet, l’énergie libérée par la fission[1] complète d’une tonne d’uranium équivaut à la combustion de 2,7 millions de tonnes de charbon, ce qui explique que la quantité de déchets produite par les centrales nucléaires est beaucoup plus faible que celle produite par les centrales à combustible fossile.

Risques :

La toxicité de ces déchets est en général due principalement à leur rayonnement. Cette toxicité dépend du type et de l’intensité du rayonnement émis et de la façon dont ce rayonnement pénètre dans l’organisme et interagit avec lui.

L’interaction d’un rayonnement avec un tissu vivant déclenche une séquence complexe de transformations physiques et chimiques dans les cellules traversées par ce rayonnement. On pense que les cibles critiques sont les molécules d’Acide DésoxyriboNucléiques (ADN) qui contiennent nos informations génétiques et commandent le développement et la division cellulaire.

Ainsi, nous pouvons assister à une destruction d’une partie des cellules (effets immédiats : brûlures, vomissement, voire la mort) ou d’une transformation avec altération de leurs fonctions (effets différés : cancers et effets génétiques sur la descendance).

Production :

En 1996, la Belgique a produit 123 tonnes de déchets nucléaires, la production devant se stabiliser à 115 tonnes pour cette année 2000. Sept réacteurs nucléaires sont en service (4 à Doel (près d’Anvers) et 3 à Tihange (Liège)). La Belgique compte également deux usines de fabrication de combustible. Notons également la proximité de la centrale de Chooz (2 réacteurs), à la frontière française.

Il faut ajouter à cela les déchets produits par l’industrie, le secteur médical et de la recherche (180.000 m³).

Gestion :

En Belgique, les déchets sont conditionnés soit sur le lieu de production, soit dans une installation de traitement centralisée sur le site de Mol, gérée et exploitée par Belgoprocess, filiale de l’ONDRAF (Organisme national des déchets radioactifs et des matières fissibles enrichies). L’ensemble des déchets est entreposé à Mol, en attendant la mise au point d’installations de dépôt définitif appropriées.

En 1989, le coût de la gestion de ce type de déchets s’élevait à quelques 30 milliards de francs.

L’ONDRAF est une agence publique indépendante placée sous la tutelle du Secrétaire d’Etat qui a l’Energie dans ses attributions. Elle est responsable de la gestion de tous les déchets radioactifs produits en Belgique. Elle est financée par les producteurs de déchets.

Quant à l’Agence fédérale de Contrôle Nucléaire (AFCN), il s’agit d’un établissement public doté de la personnalité juridique, établi par la loi du 15 avril 1994.

L’Agence a comme mission de veiller à ce que la population et l’environnement soient protégés d’une manière efficace contre le danger des radiations ionisantes.

Dans ce contexte, elle propose des lois et des règlements et veille à ce que ces lois soient observées.

L’Agence participe également aux travaux des organisations internationales (telles que la Commission européenne et l’Agence internationale de l’énergie atomique), où sont rédigés des recommandations et des règlements internationaux.

L’Agence reprend la gestion du réseau « Télérad » qui assure la surveillance radiologique du territoire belge.


 EXTRAIT DE : Les déchets, miroir de notre société. Petit aperçu, pour consommer malin.

 de Philippe Schoemans, éco-conseiller (R.W)