GLYCEMIE ET DIABETE

La régulation de la glycémie

Chez les personnes qui ne sont pas diabétiques :
• la glycémie à jeun et avant les repas est comprise entre 0,70 et 0,90 g/l,
• la glycémie après les repas est inférieure à 1,50 g/l.

Cette régulation de la glycémie est le résultat de l'action de l'insuline sur toutes les cellules du corps, ainsi que sur le foie et les muscles qui ont un rôle particulier.

Après avoir fait connaissance avec chacun des acteurs, nous envisagerons le rôle de chacun d'eux.

 

Les différents acteurs



Pendant le repas, les aliments arrivent dans l'estomac qui commence le travail de digestion.

Ils passent ensuite dans le duodénum où sont déversées la bile provenant de la vésicule biliaire et du foie, ainsi que les enzymes digestives produites par le pancréas. Les aliments poursuivent ensuite leur chemin dans l'intestin et c'est à ce niveau que le sucre passe dans le sang de la veine porte (VP).

Parallèlement à la digestion des aliments, le pancréas fabrique de l'insuline qu'il déverse également dans la veine porte.

La totalité du sucre des aliments, ainsi que la totalité de l'insuline produite par le pancréas, se retouvent donc dans la veine porte à l'entrée du foie.

Le foie utilise la moitié de l'insuline produite par le pancréas pour stocker un peu moins de la moitié du sucre du repas. Le reste de l'insuline et du sucre sortent du foie et sont déversés dans la circulation générale.

Le sang qui circule dans tout le corps apporte donc sucre et insuline à toutes les cellules de l'organisme, et plus particulièrement aux muscles où est stockée la plus grande partie du sucre qui n'avait pas été stockée lors de son passage dans le foie.

Au niveau des cellules, la présence d'insuline est nécessaire pour permettre l'entrée du sucre dans les cellules. Le sucre et l'insuline entrent tous les deux dans les cellules, et disparaissent donc du sang.

Les reins interviennent interviennent également. Si le taux de sucre dans le sang s'élève à plus de 1,80 g/l, cela entraîne le passage de sucre dans les urines. Par ailleurs, indépendamment de cela, environ la moitié de l'insuline arrivée dans la circulation générale (c'est-à-dire le quart de l'insuline produite par le pancréas) est inactivée par les reins.

Dans l'intervalle des repas, la baisse de l'insuline conduit le foie à libérer dans le sang le sucre dont les cellules du corps ont besoin pour fonctionner.

 glycemie

Le rôle des différents acteurs

 

Le pancréas fabrique l'insuline, qui est en quelque sorte une clef qui permet l'ouverture des portes des cellules pour le sucre.

Il y a une régulation un peu à la manière d'un thermostat :
• Si la glycémie s'élève, le pancréas fabrique davantage d'insuline pour permettre l'utilisation du sucre.
• Si la glycémie s'abaisse, le pancréas diminue sa fabrication d'insuline, pour éviter que la glycémie s'abaisse de façon trop importante.

 

Le foie a un rôle important dans la régulation de la glycémie.

En effet, les cellules du corps ont besoin d'énergie, et notamment de sucre, 24 heures sur 24, bien que l'on ne mange que trois fois par jour.

Un des rôles du foie est donc de servir de réserve en sucre :

• Pendant la digestion, le sucre est mis en réserve dans le foie sous l'influence de l'insuline, sous forme d'un assemblage de sucre appelé glycogène. Autrement dit, à la suite d'un repas :
- la glycémie s'élève,
- le pancréas perçoit cette élévation de la glycémie et fabrique de l'insuline,
- l'insuline ainsi produite permet au sucre qui passe par le foie d'être stocké sous forme de glycogène,
- et permet à la glycémie de ne pas trop s'élever (puisque le sucre est retiré du sang pour être stocké dans le foie).

• Dans l'intervalle des repas, le sucre qui avait été mis en réserve dans le foie au cours du repas précédent, est libéré pour fournir de l'énergie aux cellules du corps. Autrement dit, dans l'intervalle des repas :
- les cellules du corps utilisent le sucre qui se trouve dans le sang comme source d'énergie,
- la glycémie a tendance à baisser,
- ce qui entraîne une baisse de la fabrication de l'insuline par le pancréas,
- cette baisse de l'insuline entraîne au niveau du foie une libération du sucre qui avait été mis en réserve,
- ce qui permet aux cellules du corps de disposer de sucre 24 heures sur 24 pour fonctionner normalement.

Ici encore il y a une régulation :
• Pendant la digestion, la glycémie s'élève, et le pancréas fabrique davantage d'insuline, ce qui permet le stockage du sucre dans le foie.
• Après la digestion, le pancréas fabrique moins d'insuline, ce qui permet la libération dans le sang du sucre qui avait été mis en réserve dans le foie.

Le foie intervient également d'une autre manière dans la régulation de la glycémie en dehors des repas et pendant la nuit. En effet, il est capable de fabriquer du sucre, non pas à partir de la réserve en sucre qui s'y trouve stockée, mais à partir d'autres produits qui circulent dans le sang (notamment acides aminés et lactates).

Ici également, c'est l'insuline qui contrôle cette fabrication de sucre : l'élévation de l'insuline diminue la fabrication de sucre, tandis que la baisse de l'insuline conduit à une augmentation de la fabrication de sucre.

 

Les muscles interviennent aussi dans la régulation de la glycémie.

Le rôle de l'insuline au niveau des muscles est comparable à celui au niveau du foie pendant la digestion, mais contrairement au foie, le sucre qui a été mis en réserve dans le muscle ne peut être utilisé que par le muscle lui-même, et il ne peut pas être libéré dans le sang.

Comparaison du rôle du foie et du rôle des muscles

Le foie et les muscles permettent de stocker le sucre des repas dans les meilleurs délais, ce qui évite une élévation anormale de la glycémie après les repas.

• Le rôle des muscles est normalement prédominant pour le stockage du sucre apporté par un repas : les muscles assurent le stockage d'environ 70 % du sucre apporté par un repas, tandis que le foie n'assure le stockage que d'environ 30 % du sucre apporté par ce repas.

Toutefois, chez certains diabétiques, et plus particulièrement lorsqu'existent un excès de poids ou une activité physique trop faible, la capacité de stockage dans les muscles peut être plus sévèrement perturbée que la capacité de stockage dans le foie (on parle d'«insulinorésistance»). Dans ces cas on peut constater une plus forte tendance à l'élévation de la glycémie après le repas, et la restauration d'une capacité normale de stockage dans les muscles passe par une réduction du poids s'il est excessif et par une augmentation de l'activité physique.

• Le sucre stocké ou fabriqué dans le foie est libéré dans le sang dans l'intervalle des repas et pendant la nuit, ce que ne permettent pas les muscles qui utilisent pour eux-mêmes le sucre qu'ils ont stocké.

 

Les reins interviennent également dans la régulation de la glycémie, mais de façon indirecte :

• Lorsque le taux de sucre dans le sang dépasse 1,80 g/l, le sucre commence à passer dans les urines (on parle de seuil rénal du glucose). Ce passage de sucre dans les urines entraîne une augmentation du volume des urines, et plus il passe de sucre dans les urines, plus le volume des urines devient important.

Ceci n'a pas d'incidence chez les personnes non diabétiques car leur niveau de sucre dans le sang n'atteint jamais 1,80 g/l (=> il n'y a jamais de sucre dans les urines chez les personnes non diabétiques).

Par contre, si la glycémie d'un diabétique dépasse 1,80 g/l, une partie du sucre présent dans le sang passe dans les urines, ce qui abaisse un peu la glycémie, mais cela constitue en fait beaucoup plus un inconvénient qu'un avantage.

En effet, outre le fait que cela entraîne une augmentation du volume des urines, il en résulte :
- d'une part, qu'une partie des glucides d'un repas est un apport calorique perdu pouvant être à l'origine d'une faim précoce, d'un état de fatigue, ou d'une moindre résistance à l'effort,
- d'autre part, il y a également un plus grand risque d'hypoglycémie à distance du repas.

Pour éviter cela, il est nécessaire de chercher à obtenir une absorption digestive la plus lente possible des glucides alimentaires en les choisissant parmi ceux qui ont la digestion la plus lente et en les associant avec d'autres aliments, notamment des fibres, de façon à ralentir leur passage dans le sang.

Remarques :
- Le seuil rénal du glucose augmente si la fonction rénale se dégrade.
- Chez certaines personnes, diabétiques ou non, le seuil rénal du glucose peut être plus bas que la normale (1,30 g/l par exemple). Il en résulte alors un passage, après les repas, du sucre du sang vers les urines, mais, bien que l'on parle parfois improprement de «diabète rénal», il ne s'agit absolument pas d'un diabète (car les glycémies sont normales) mais simplement d'un seuil rénal du glucose abaissé, et ceci n'est pas une maladie.

• La moitié de l'insuline qui circule dans la circulation générale, est inactivée par les reins. En cas d'insuffisance rénale, qu'elle soit ou non en relation avec le diabète, le rein inactive moins l'insuline présente dans le sang, et il est nécessaire d'adapter en conséquence le traitement par les comprimés ou les doses d'insuline.

 

En résumé

A la suite d'un repas

• les aliments sont digérés et le sucre des aliments passe dans le sang,
• le pancréas perçoit une élévation de la glycémie et fabrique de l'insuline,
• l'élévation de l'insuline oriente le sucre vers un stockage dans le foie et dans les muscles, ce qui fait que la glycémie s'élève très peu après les repas (moins de 1,50 g/l).

La glycémie après les repas dépend du stockage dans le foie et dans les muscles

Lorsque la digestion est terminée et à distance des repas

• la fabrication d'insuline par le pancréas diminue, mais ne s'arrête pas complètement, car un peu d'insuline est nécessaire pour permettre l'entrée du sucre dans les cellules,
• les cellules du corps consomment le sucre qui se trouve dans le sang,
• et pour éviter que la glycémie ne s'abaisse de façon anormale, le foie libère le sucre qui y avait été mis en réserve, et éventuellement fabrique du sucre à partir d'autres composés qui se trouvent dans le sang, ce qui maintient la glycémie entre 0,70 et 0,90 g/l,
• en ce qui concerne les muscles, le sucre qui y avait été mis en réserve est consommé sur place, et en cas de besoin c'est le foie qui fournit le supplément de sucre nécessaire au fonctionnement des muscles.

La glycémie dans l'intervalle des repas est assurée par la libération de sucre par le foie

Extrait de http://www.diabsurf.com/diabete

 

A connaître:

1. Tendance à l’hypoglycémie (trop peu de sucre dans le sang):

 

Intervention du système hyperglycémiant avec 3 hormones:

 

- GH (hormone somatotrope) produite par l’anté-hypophyse;

- glucagon, hormone produite par les cellules a des îlots de Langerhans (du pan­créas);

- adrénaline, hormone produite par les glandes médullo-surrénale.

 

Ces 3 hormones sont libérées par leur glande respective pour arriver au niveau du foie par la circulation sanguine. Elles s’attachent à des récepteurs spécifiques situés sue les mem­branes des cellules hépatiques; cela provoque la transformation de l’ATP (adénosine tri-phosphate) en AMP (mono-phosphate) et c’est cette transformation qui va activer les enzymes de la glycogénolyse et inhiber les enzymes de la glycogénogenèse.

 

En situation de routine, seules les deux premières hormones interviennent. La «décharge» d’adrénaline est réservée aux situations extraordinaires (stress, peur, colère, ...).

 

Les hormones de ce système hyperglycémiant n’entrent pas dans la cellule hépatique, elles fonctionnent selon la double médiation; c’est-à-dire l’utilisation de deux médiateurs (une hormone + 1 autre molécule (dans ce cas, l’ATP)).

 

2. Tendance à l’hyperglycémie (trop de sucre dans le sang):

 

 

Intervention d’une seule hormone: l’insuline produite par les cellules b des îlots des Langerhans. Arrivant aux cellules hépatiques par la circulation sanguine, elle se fixe sur des récepteurs spécifiques. Un facteur de petite taille (une portion de la molécule d’insuline) entre dans la cellule, il active les enzymes de la glycogénogenèse et inhibe celles de la glycogénolyse.

 

Si l’insuline est la seule hormone du système hypoglycémiant, elle est en revanche ca­pable d’agir non seulement sur les cellules hépatiques mais aussi sur les cellules musculaires et sur les cellules adipeuses (où le glucose est transformé en acides gras).

 

3. Le diabète:

 

Il existe plusieurs formes de diabète sucré, la plus grave étant le diabète maigre ou diabète juvénile car il survient précocement. Le symptôme le plus apparent est un trouble de l’élimination urinaire: l’urine est excessivement abondante et contient du glucose. De plus, le malade éprouve une soif intense, provoquée par la perte d’eau dans les urines, et subit un amaigrissement progressif. Tous ces symptômes sont attribués à une hyperglycémie.

 

Cette hyperglycémie est due à un mauvais fonctionnement du pancréas qui ne produit pas ou peu d’insuline (maladie auto-immune). Suivant la [c] en glucose dans la sang, on distin­gue les situations suivantes:

 

[c] glucose (g/l):

Situation:

de 0,5 à 0,85

hypoglycémie

de 0,85 à 1,15

glycémie normale

de 1,15 à 1,8

hyperglycémie légère

de 1,8 à 3

hyperglycémie importante = glycosurie

> 3

hyperglycémie grave; risque de coma = glycosurie

 

Ce diabète est soigné par injection d’insuline: c’est un diabète insulino-dépendant.

 

Il existe une autre forme de diabète qui apparaît plus tard (40 ans), c’est le diabète gras ou diabète de l’âge mûr. Ses degrés sont très variés et, s’il y a toujours hyperglycémie, il n’y a pas toujours glucosurie. Ce diabète présente avec le diabète maigre deux différences essentiel­les:

 

- les injections d’insuline n’améliorent pas le diabète;

- l’hormone est sécrétée normalement par les îlots de Langerhans.

 

La cause de ce diabète gras ou diabète insulino-résistant doit donc être recherchée ailleurs:

 

- dénaturation ou inactivation de l’insuline par une substance dans le sang;

- altération des récepteurs insuliniques ou diminution de leur nombre;

- défaut de la transmission du message insulinique au niveau de la cellule cible;

- anomalie du métabolisme du glucose.

 

4. Régulation des cellules hormonales:

 

- par voie sanguine.

 

On peut dire que la glycémie est régulée par la valeur même de cette glycémie: il s’agit d’une autorégulation. Si la glycémie augmente, la sécrétion d’insuline augmente alors que celle de glucagon diminue, ce qui entraîne une baisse de la glycémie donc un retour aux valeurs normales.

 

- par voie nerveuse.

 

Diverses expériences montrent l’existence de neurones sensibles aux variations de la glycémie au niveau de l’hypothalamus et du bulbe rachidien. Cependant, après suppression des voies nerveuses impliquées dans la régulation, l’hyperglycémie et l’hypoglycémie sont encore corrigées mais un peu plus lentement qu’à l’état normal. Le système nerveux n’a donc qu’un rôle complémentaire.