LES MALADIES CARDIO-VASCULAIRES

• Le processus des maladies cardio-vasculaires



Les maladies cardio-vasculaires désignent l'ensemble des affections qui touchent le système vasculaire (artères et veines) ou cardiaque. Ces maladies sont le plus souvent provoquées par une altération progressive, chronique ou aiguë d'une ou plusieurs artères. Dans la grande majorité des cas, l'athérosclérose est responsable de cette altération.


• Qu'est-ce que l'athérosclérose ?
Le terme « athérosclérose » vient du grec « athéré » qui décrit la matière graisseuse et de «scléron» qui signifie dur. L'athérosclérose se présente sous la forme de plaques, localisées à l'intérieur des artères. Ces plaques contiennent du cholestérol, mais aussi du calcaire et des cellules sanguines appelées plaquettes. L'apparition d'une plaque d'athérome peut provoquer des complications. La sténose et la thrombose sont les plus fréquentes.
• La sténose : la plaque d'athérome rend le passage du sang difficile. L'artère, partiellement sténosée (rétrécie), empêche un flux important de sang, par exemple en cas d'effort physique. L'angine de poitrine est ainsi souvent décelée à l'occasion d'une épreuve à l'effort.
• La thrombose : la fissuration ou l'ulcération de la plaque d'athérome provoque la coagulation du sang et la formation d'un bouchon, le « thrombus », qui obstrue totalement l'artère. La thrombose peut provoquer un infarctus du myocarde.


• L'angine de poitrine
L'angine de poitrine est la complication cardio-vasculaire la plus fréquente. Le rétrécissement du calibre d'une ou de plusieurs artères coronaires, par la présence d'une plaque d'athérome, rend le passage du sang artériel moins aisé. Il en résulte une moins bonne irrigation de la zone du myocarde alimentée par cette ou ces artères. En temps normal, cette mauvaise irrigation ne pose pas de problèmes. Mais lorsque les besoins en oxygène du muscle cardiaque augmentent, l'alimentation de certaines parties du cœur par les artères coronaires peut s'avérer insuffisante. On parlera alors d'« ischémie ». Les émotions, l'effort physique, le stress, la digestion, le froid etc. sont autant de facteurs qui augmentent les besoins du cœur en oxygène.
Classiquement, la crise d'angine de poitrine est ressentie comme une douleur, une oppression dans la poitrine qui peut irradier vers le bras, le cou et la mâchoire inférieure. La douleur disparaît ou s'atténue lorsque le facteur déclenchant est supprimé ou sous l'effet de certains médicaments qui ont la propriété de dilater les artères coronaires. Le rétablissement du débit sanguin est suffisant pour arrêter la crise. Lorsque les crises deviennent plus fréquentes, plus intenses ou apparaissent au moindre effort et parfois même au repos, on parle « d'angor instable ». Ce type d'angine de poitrine risque de se compliquer d'un infarctus du myocarde.


• L'infarctus du myocarde
L'infarctus du myocarde résulte d'une obstruction totale d'une ou de plusieurs artères coronaires. La zone de myocarde qui n'a plus été irriguée pendant quelques minutes est dite « nécrosée ». Elle est comme morte. Cette nécrose est visible notamment par le biais d'un électrocardiogramme.
Les cellules myocardiques détruites libèrent dans le sang des substances appelées enzymes qui peuvent être aisément détectées. L'infarctus du myocarde peut faire suite à un stress important, un effort physique intense, mais le plus souvent il survient sans raison apparente. On note parfois des antécédents d'angine de poitrine dont les crises se sont aggravées récemment.
La douleur de l'infarctus est du même type que celle de l'angine de poitrine, à la différence qu'elle est beaucoup plus intense et qu'elle ne cède ni au repos ni aux médicaments de l'angor. La douleur est le plus souvent accompagnée d'angoisse et de nausées. Parfois la personne ne signale aucune douleur, mais uniquement un malaise digestif. Il y a même des infarctus qui ne se manifestent par aucun symptôme.
Selon l'étendue de la zone nécrosée, des troubles du rythme cardiaque, une insuffisance cardiaque, une embolie pulmonaire, un arrêt cardiaque peuvent aggraver la situation. Ces complications majeures surviennent généralement au cours des 72 premières heures qui suivent l'infarctus. C'est la raison pour laquelle une personne qui fait un infarctus doit toujours être hospitalisée dans une unité de soins intensifs. De cette façon, les complications pourront être détectées et soignées rapidement. Après un infarctus du myocarde, la zone nécrosée va se cicatriser. Cette région restera toutefois fragilisée et ne sera plus fonctionnelle. Ce qui n'empêchera nullement le cœur de continuer à remplir sa fonction. Pendant le temps de la cicatrisation, des vaisseaux sanguins vont se développer pour tenter de compenser la perte d'irrigation et de court-circuiter l'occlusion coronaire. C'est ce que l'on appelle une circulation collatérale.

• Les maladies cardio-vasculaires : leurs facteurs de risque

Les facteurs de risque qui favorisent les maladies cardio-vasculaires sont connus : l'âge, l'hérédité, le stress, l'hypertension artérielle, le cholestérol, le tabagisme, la sédentarité, l'obésité et le diabète. Les spécialistes insistent pour que la prévention porte sur tous les facteurs (excepté les deux premiers!). Les risques ont en effet tendance à se multiplier : si le tabac double les risques de maladie et l'hypertension les triple, l'association des deux les multiplie par 6! De nombreuses études ont en tout cas démontré que seule une approche globale de la prévention réduisait fortement la probabilité d'un accident cardio-vasculaire.
• Le stress
Les sources de stress dépendent fortement de la personnalité de chacun. La fréquence cardiaque s'accroît lors d'un stress, de même que la tension artérielle. La santé est menacée lorsque les situations stressantes ont tendance à se répéter. Des études semblent indiquer que les individus « hyperactifs, perfectionnistes, aimant la compétition et dominateurs » sont plus facilement stressés que les autres et donc plus exposés aux problèmes cardiaques .

•L'hypertension artérielle
La tension artérielle ne doit normalement pas dépasser 140 mm pour la pression systolique (phase de contraction cardiaque) et 90 mm pour la pression diastolique (phase de relaxation cardiaque).



• Les graisses dans le sang
Les lipides ou graisses du sang se ré¬partissent en cholestérol et en triglycérides. Lorsque leur concentration augmente (du fait d'un régime riche en graisses animales, par exemple), ils se déposent sur la paroi des artères coronaires. Le cholestérol est transporté dans le sang grâce à de grosses molécules appelées LDL (low density lipoprotéine) et HDL (high density lipoprotéine). Les LDL déposent le cholestérol dans la pa¬roi des artères (c'est le « mauvais » cholestérol »), tandis que les HDL le retirent (c'est le « bon cholestérol »). En toute hypothèse, le total des deux est idéale¬ment inférieur à 200 mg/dl. Le risque de maladie coronaire est élevé si le cholestérol total dépasse 240 mg/dl.

• L'obésité
On parle de surcharge pondérale lorsque le poids corporel dépasse le poids idéal. L'obésité est une surcharge pondérale dépassant de 20% le poids idéal. Elle est associée fréquemment à l'hypertension artérielle, au diabète et à l'hypercholestérolémie.

• La sédentarité
Les conditions de vie actuelle favori¬sent l'absence d'activité physique. On observe que les personnes qui ont une activité physique élevée du fait de leur occupation professionnelle (ouvriers, par exemple) font moins souvent d'accidents coronaires. Quoi qu'il en soit, les sports d'endurance sont conseillés : la marche, la gymnastique, le vélo, la natation, le jogging, etc. Il faut garder également à l'esprit que le niveau d'activité doit être suffisant (au moins trois fois une demi-heure par semaine) pour être efficace.

• Le tabac
La nicotine exerce une action nocive sur le cœur et les vaisseaux sanguins. Le monoxyde de carbone (CO) présent dans la fumée de tabac est responsable d'une moins bonne oxygénation du myocarde. Par ailleurs, le CO augmente la pénétration des graisses dans la paroi des vaisseaux. On a estimé que la consommation régulière de vingt cigarettes par jour augmentait le risque coronarien de 2,5 fois par rapport à un non-fumeur.

• Examens
Un certain nombre d'examens permettent soit d'attester l'existence d'une angine de poitrine ou d'un trouble du rythme, soit d'évaluer le fonctionnement du cœur suite à un infarctus du myocarde.
• La prise de sang
Elle permet la recherche des facteurs de risque (excès de cholestérol) et le do¬sage sanguin des enzymes cardiaques augmentées en cas d'infarctus.

• L'électrocardiogramme
Cet examen fondamental enregistre les anomalies liées à une mauvaise irrigation du myocarde, les troubles du rythme cardiaque... Un électrocardiogramme effectué au cours d'une crise d'angor révèle les indices de souffrance du muscle cardiaque et permet leur localisation.
• L'épreuve d'effort
II s'agit de mesures effectuées sur un cycloergomètre (ou sur un tapis roulant ou sur un escabeau) qui mettent en évidence des problèmes cardiaques invisibles à l'état de repos.
L'épreuve d'effort permet également de suivre la récupération cardiaque après un infarctus.

B L'échocardiogramme
Une sonde à ultrasons est promenée sur la poitrine et permet de visualiser, notamment, la paroi, les cavités et les valvules du cœur.

• La scintigraphie myocardique
Une substance radioactive (inoffensive) est injectée dans l'organisme et se fixe sur le myocarde. Elle permet de mettre en évidence les zones mal irriguées après une épreuve d'effort ou après un infarctus.

• La coronarographie
Un cathéter est introduit par l'artère fémorale (pli de l'aine) jusque dans l'aorte et la naissance des coronaires. Ensuite, un produit de contraste est injecté dans chaque artère. L'ensemble des images est enregistré sur vidéo et met en évidence les rétrécissements ou les obstructions. Le produit de contraste injecté dans le ventricule gauche donne également des informations sur sa force de contraction ainsi que sur son volume.



L'hypertension artérielle.
Quelques notions d'anatomie
Le cœur est une pompe musculaire puissante qui, à chaque battement, injecte du sang dans les vaisseaux artériels. Une pression sanguine, dépendante du calibre des vaisseaux, existe donc dans ce système vasculaire. La diminution du diamètre des vaisseaux (constriction) en¬traîne, pour une même quantité de sang éjectée, une augmentation de la pression artérielle.
Des fluctuations du calibre des vais¬seaux sont normales. L'exposition au froid, par exemple, s'accompagne d'une vasoconstriction. Cependant, ces conditions sont passagères et la tension artérielle restera par conséquent dans les limites normales. Par contre, si, pour une raison pathologique, la constriction vasculaire demeure permanente, la pression se maintiendra au-dessus du seuil physiologique. On parle alors d'hypertension artérielle.

Les causes
L'hypertension artérielle peut être primaire ou secondaire.
Une hypertension primaire n'a pas de cause évidente. On parle aussi d'hyper-tension artérielle essentielle. Elle représente plus de 90% de l'ensemble des cas.
L'hypertension secondaire est due à une maladie :
• affection du rein ou de l'artère rénale (hypertension rénovasculaire)
• affection des surrénales, glandes si¬tuées au-dessus des reins (tumeur)
• troubles hormonaux (hyperaldostéronisme). La prise de contraceptifs oraux favorise l'apparition d'une hypertension latente, mais n'en est pas véritablement la cause première.

Les complications de la hausse de tension
L'hypertension artérielle, non traitée à temps, est susceptible de se répercuter, parfois de façon très sérieuse, sur de nombreux organes.
Le cœur
Une augmentation de la résistance vasculaire périphérique amène le ventricule gauche à devoir pomper davantage pour injecter le sang dans les artères. Il en résulte dans un premier temps une hypertrophie du ventricule, c'est-à-dire une augmentation de l'épaisseur du myocarde. Si l'hypertension se maintient, le cœur s'affaiblit et la force d'éjection devient moins forte (insuffisance cardiaque). A la longue, cette situation s'aggrave et aboutit à la dé¬compensation cardiaque (le cœur n'est plus capable de remplir sa fonction, ce qui se traduit notamment par l'apparition d’œdèmes).

Les artères
La fragilisation des artères peut en¬traîner une atteinte des artères coronaires responsable d'angine, voire d'un infarctus du myocarde.

Les reins
L'organe peut s'atrophier, ce qui aboutit à une insuffisance rénale.

Le cerveau
Les altérations au niveau de la circulation sanguine peuvent conduire à une ischémie ou à une nécrose (accident vasculaire cérébral), voire à une hémorragie en cas d'hypertension artérielle sévère.

Les yeux
L'atteinte des vaisseaux de la rétine s'accompagne de signes caractéristiques permettant de classer l'évolution de l'hypertension artérielle en 4 stades; selon l'examen du fond de l'œil, on peut observer :
1 : une vasoconstriction isolée
2 : une sclérose vasculaire
3 : des hémorragies et des exsudats
4 : un œdème de la papille.




L'accident vasculaire cérébral.

Les causes
• l'hypertension artérielle, installée de¬puis assez longtemps, fragilise les artères cérébrales. Il en résulte soit une obstruction de l'artère (cas le plus fréquent), soit une hémorragie (l'artère se déchire et saigne. Le sang qui s'en échappe forme une poche qui comprime peu à peu les cellules du cerveau).
• de la graisse peut se déposer, dès l'enfance, dans la paroi des artères. Il s'agit d'athérosclérose. L'accumulation de ces dépôts de graisse provoque avec l'âge une diminution du calibre des artères cérébrales. La formation d'un caillot de sang (plus aisée lorsqu'une artère est rétrécie) provoque l'obstruction complète de l'artère : c'est la thrombose. Lorsque la thrombose touche une artère cérébrale, certaines cellules du cerveau ne reçoivent plus d'oxygène et ne peuvent plus fonctionner normalement. L'athérosclérose est la cause principale des accidents vasculaires cérébraux.
• les artères du cerveau peuvent, par¬fois, se boucher d'une autre manière. Un caillot se détache d'un tout autre endroit et vient boucher brutalement une artère cérébrale, pourtant encore saine. Il s'agit alors d'une embolie cérébrale. Ce caillot peut venir des carotides (grosses artères du cou), lors¬qu'elles présentent beaucoup d'athérosclérose, mais aussi du cœur. Cela peut arriver en cas de malformation cardiaque ou parfois après un infarctus. Cette situation peut encore se présenter lorsque le cœur se contracte irrégulièrement (dans certains troubles du rythme cardiaque).