Cours de biologie en ligne

DYNAMIQUE DES POPULATIONS

 

1. Introduction


Cinq millions d'années d'aventure humaine: voilà notre passé. A combien de temps se montera notre avenir ? Jusqu'à quand notre espèce pourra-t-elle maintenir sa présence dans l'univers ? Ce sont ces questions là qu'il faut se poser lorsqu'on aborde le problème de la démographie.

 

L'homme se trouve aujourd'hui investi du pouvoir de diriger le cours de l'évolution mais l'humanité possède-t-elle la sagesse et la maturité qu'exige un tel pouvoir ? On peut en douter lorsqu'on voit que l'homme poursuit dans l'espace fini qu'est le système terrestre deux formes de croissance illimitée: l'économique et la démographique.

 

Près d'un milliard de nos contemporains n'atteindront pas l'âge adulte et/ou souffrent de malnutrition, n'ont pas accès à l'école, vivent dans un environnement gravement dégradé, ne trouvent jamais un emploi décemment rémunéré, n'ont pas la formation qui leur permet d'exercer leurs droits politiques ou de jouir des valeurs de leur propre culture.

 

Les pays riches ne regroupent qu'un cinquième de la population du monde mais ils accaparent près de 4/5 de ces ressources et engendrent à peu près la même proportion de pollution et de déforestation. Ces pays se fabriquent des besoins en mettant la barre toujours plus haut. Ces pays ont stabilisé leurs populations.

 

Quant aux pays pauvres, il serait abusif de leur demander de freiner leur croissance économique alors que pour beaucoup d'entre eux elle n'a même pas encore commencé. Et pour ce qui est de leur poussée démographique, ils f ont observer que chez eux aussi, elle ralentira naturellement dès que les familles auront atteint un certain seuil d'aisance.

 

Pendant ce temps, notre Terre se dégrade et s'appauvrit inexorablement de ces milliers d'espèces végétales et animales, et parmi elles, certainement des espèces à vocations curatives ou alimentaires ...

 

Pourtant, avec tous les progrès de la science, nous sommes à même de déterminer dans quelle fourchette pourrait se situer le chiffre optimal de la population humaine que la Terre pourrait accueillir simultanément, population à laquelle elle pourrait offrir, génération après génération, durablement, des conditions de vie optimales. Nous disposons aussi, grâce à la science, d'un très large éventail de moyens pour moduler la natalité dans le respect des sensibilités et des cultures de chaque famille humaine.

 

 

2.Caracteristiques des populations

 

-la répartition spatiale: sur une surface donnée, les individus peuvent être répartis de différentes façons:

 

- uniforme

- contagieuse

- au hasard

 

La répartition uniforme est très rare dans la nature mais fréquente dans les milieux artificiels (plantation). On observe une répartition au hasard chez des espèces qui n'ont aucune tendance à l’agrégation (ex:plantes supérieures pour lesquelles la dispersion des semences est assurée par le vent). Le type de répartition le plus fréquent est la répartition contagieuse, c'est à dire par groupe.

 

-la densité est le nombre d'individus d'une espèce donnée par unité de surface. On peut la mesurer par comptage direct des individus ou l'évaluer par comptage indirect (terriers à lapin) sur toute la surface ou par échantillonnage sur une portion de celle-ci.

 

-la croissance est la variation numérique par unité de temps des individus au sein de la population. Elle dépend essentiellement de la natalité et de la mortalité, mais aussi de l'émigration et de l'immigration.

 

-la durée de vie: 3 types de courbes de survie.

 

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Dans le cas de l'homme et de nombreux mammifères, beaucoup d'individus ont la même durée de vie et meurent relativement âgés. Dans le cas de l'hydre d'eau douce, le coefficient de mortalité reste constant pendant toute la durée de la vie. Le dernier cas concerne les invertébrés (huître), diverses espèces d'oiseaux et les poissons; la courbe, très concave, correspond à une mortalité élevée aux stades jeunes.

 

-le sex ratio est le rapport des sexes, il varie avec les espèces considérées et au cours du développement de l'individu, depuis la fécondation de l’œuf jusqu'à l'état adulte.

 

-la pyramide des âges permet d'obtenir une représentation intéressante de la structure en classes d'âges d'une population. Elle s'obtient en superposant des rectangles de hauteur constante (classe d'âge) et de base proportionnelle aux effectifs de chaque classe d'âge. On peut distinguer trois types schématiques de pyramides des âges:

 

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 - population à accroissement rapide

- population stable

- population en déclin

 

 

 

3. Répartition des populations

 

- la niche écologique d'une espèce est déterminée par:

-sa position dans la chaîne trophique,

-son domaine vital,

-son type d'activité,

-ses éventuelles adaptations.

Rem: la niche écologique peut varier au fil des saisons (oiseaux

migrateurs).

 

- l'habitat est l'endroit (le biotope) où vit l’espèce considérée. Il est caractérisé par un ensemble de facteurs abiotiques et correspond à une aire de dimensions variables où les conditions dominantes sont homogènes.

 

- l'aire de répartition est la surface occupée naturellement par une population ou par toutes les populations d'une espèce. Cette surface peut être très variable:

 

- le genêt de Corse vit uniquement en Corse, c'est de l'endémisme (aire très restreinte).

- le genêt d'Angleterre occupe une aire européenne-atlantique.

le chêne vert occupe une aire circum-méditerranéenne sud-atlantique.

 

le peuplier blanc occupe une aire eurosibérienne.

 

la fougère-aigle est répandue dans les zones habitables du globe (subcosmopolitisme).

 

4. Fluctuations des populations

 

- la puissance d'expansion correspond au taux d'accroissement potentiel sans aucune régulation. Exemple: une bactérie se divise pour donner naissance à deux bactéries toutes les 20 minutes. A ce rythme, il suffirait de 36 heures pour que la Terre soit recouverte d'une couche continue de bactéries.

 

- le taux d'accroissement correspond à l'augmentation d'une population. Il est limité par différents facteurs abiotiques ou par des facteurs directement liés à la densité de la population (ex: effet de masse, cannibalisme) ou encore par l'influence de la prédation.

 

- la capacité limite d'un milieu est la quantité d'individus que peut supporter ce milieu sans dommage pour celui-ci. Exemple: Si la vitesse à laquelle pâture le bétail égale la vitesse de régénération du tapis végétal, la surface envisagée a atteint sa capacité limite. Lorsque celle-ci est dépassée, il y a surpâturage, donc appauvrissement de la végétation et finalement dégradation du sol par érosion. Dans la nature, la population animale régresse alors jusqu'à régénération d'une couverture végétale suffisante. C'est le phénomène d'autorégulation.

 

remarque: la plupart des populations naturelles montrent une stabilité quand l'homme n'intervient pas de façon violente par l'emploi de pesticides, par des incendies volontaires, par l'introduction d'espèces étrangères, par la destruction des prédateurs, etc ... On observe cependant des variations relativement régulières appelées fluctuations cycliques, dont les causes sont inhérentes à l'espèce ou extérieures à celle-ci.

 

 

5. Analyse de la population humaine

 

La population humaine est aujourd'hui estimée à six milliards. Chaque seconde, notre effectif augmente de 3 unités, ce qui signifie une croissance d'un quart de million par jour. L'humanité entrera dans le 2lème siècle (2001) avec un chiffre de 6.2 milliards de personnes. Ceci représente le doublement de l'effectif depuis 1950 et un quadruplement en un siècle. Si rien ne change, au taux de croissance actuel, nous serons, à la fin du siècle prochain, confrontés à une humanité de 14 milliards d'individus.

 

 

répartition nord-sud

 

Le nœud du problème ne réside pas dans la croissance en elle-même, mais dans le fait qu'à l'heure actuelle, 90% des enfants naissent dans les pays en voie de développement, ceux-là même qui sont le moins en mesure de faire face à une telle augmentation.

 

La population des pays industrialisés aura augmenté de 56 millions (d'ici l'an 2000) par rapport à la situation actuelle, ce qui représente une augmentation de 5,2%. La population des pays en voie de développement aura augmenté de 900 millions de personnes, soit 25%.

 

Dans la plupart des pays industrialisés, le taux de natalité est aujourd'hui en dessous de ce qu'on appelle le "niveau de remplacement des générations, c'est-à-dire le nombre moyen d'enfants par couple qui est nécessaire pour que le chiffre de population reste stable(1,9 au lieu de 2,l) . Dans le Tiers Monde, en Asie et en Amérique latine, cette stabilisation est loin d'être atteinte.

 

Peuplement et milieu de vie

 

L'étude de la carte du monde pourrait donner l'impression que la densité de population n'est finalement pas encore si préoccupante puisqu'il y a encore des espaces immenses qui comptent moins de 10 habitants au KM2. Mais il faut tenir compte de la capacité limite du milieu (voir §2) . Des données pédologiques (structure et composition du sol, épaisseur de la couche d'humus, phénomène de dégradation et d'érosion) et climatiques (t° et pluie) déterminent pour une bonne part si la population locale disposera ou non de suffisamment de nourriture. Exemple: l'Australie: depuis 1949, la population a augmenté de 1500-. (immigration), elle compte aujourd'hui 17 millions d'habitants. Vu la superficie du pays, c'est un chiffre extrêmement bas (2 habitants/Km2) . Mais 10% seulement des terres sont cultivables et la productivité de cette surface limitée se met aujourd'hui à décroître, lentement mais sûrement. Il y aurait donc surpopulation

 

relation démographie pauvreté richesse

 

 

- dans les pays en voie de développement, l'agriculture, nécessaire, est très exigeante en main d’œuvre: les enfants constituent une richesse pour la famille. Comme le taux de mortalité infantile reste élevé, les parents seront enclins à mettre au monde quelques enfants supplémentaires. Donc, les conditions socio-économiques rendent nécessaires une progéniture abondante.

 

- à l'heure actuelle, l'espérance de vie a augmenter d'environ 15 ans depuis 1960 dans les pays en voie de développement. En Afrique, l'espérance de vie est passée de 36 à 50 ans en 30 ans. Le Tiers Monde a donc réussi à enregistrer en une période très courte à l'aide des médicaments des pays industrialisés, un progrès qui a nécessité environ deux siècles à l'Europe. Mais la chute du taux de mortalité n'est pas suivie assez rapidement d'une chute du taux de natalité et c'est l'explosion de la population.

 

- l'évolution de la population est aussi influencé par la politique et par la religion.

 

- à l'échelle mondiale, la croissance de la production alimentaire a dépassé celle de la population au cours des dernières décennies. La récolte de céréales a pu être augmentée de 157% entre 1950 et 1985. Cette croissance s'explique par l'utilisation de nouvelles semences, par le forçage des cultures par les engrais chimiques et les pesticides, ainsi que par l'arrosage artificiel. Malgré cela, 730 millions d'hommes ne mangent pas encore à leur faim. La raison en est connue: la nourriture n'est pas équitablement répartie entre les pays riches et le Tiers Monde, ni entre les nantis et les défavorisés, dans certains pays en voie de développement.

 

 

6. Conséquences écologiques

 

Aujourd'hui, dans les pays en voie de développement, un nombre croissant d'êtres humains n'ont pas d'autre alternative que de détruire les bases même de leur existence:

 

ils exploitent le bois plus vite qu'il ne se renouvelle (maison, feu, ... )

 

ils pratiquent sur des sols marginaux une agriculture intensive insupportable à long terme (épuisement des réserves d'eau, surpâturage, ... )

 

en faisant disparaître les forêts, ils modifient les régimes hydriques provoquant érosion du sol et disparition de la partie meuble de celui-ci, inondations, sécheresse. Exemple: en Inde, la pratique de la culture en terrasse est courante. Pendant les pluies (mousson), le sol est lessivé et les terrasses se dégradent. Inversement, pendant les périodes sans pluie, les maigres réserves d'humidité sont vite épuisées, et c'est la sécheresse à laquelle on tente de remédier par l'arrosage artificiel qui augmente le risque de salinisation des sols et fait baisser dangereusement le niveau de la nappe phréatique (où les arbres ne parviennent plus à l'eau).

 

Toutes ces conséquences écologiques entraînent à leur tour des "désagréments" pour les populations:

 

 

- en Afrique, entre 1980 et 1985, plus de 10 millions de personnes ont été obligées d'abandonner leurs terres natales en raison des sécheresses continuelles. Le programme des Nations Unies pour l'environnement estime qu'il existe 500 millions de réfugiés "pour causes écologiques" dans le monde. Ces gens ont dû quitter leur milieu d'origine parce que celui-ci ne pouvait plus assurer leur subsistance. Généralement, pour échapper à ces fléaux, les habitants fuient vers les agglomérations.

- une autre cause importante de l'exode rural est la mauvaise politique agricole défavorisant les populations des campagnes : par exemple, le prix de vente des denrées alimentaires est maintenu à des prix très bas pour maintenir le calme parmi la population des villes;et les cultures d’exportation sont favorisées au détriment des cultures vivrières.

 

Mais la cause principale de l'exode est la mauvaise répartition des terres. En Amérique du sud, 2/3 des petits paysans ne possèdent même pas 4% des terres cultivées. En Asie, la "révolution verte" a surtout favorisé les grands fermiers. Des millions de petits paysans ont dû s'endetter tellement qu'ils ont fini par perdre leurs terres. Une grande partie de cette population se retrouve ainsi dans des camps de réfugiés ou dans des bidonvilles.

 

7. Conclusion

 

Pour chaque problème, il y a une solution simple, évidente, ... et fausse, disait un philosophe américain. L'aphorisme s'applique bien dans notre cas. Les "ils n'ont qu'à avoir moins d'enfants", "qu'on leur distribue des préservatifs", et autres "il n'y a qu'à" ne résoudront rien. Si l'accès aux moyens de contraception reste effectivement un problème majeur dans de nombreux pays, il est surtout nécessaire de promouvoir l'émancipation féminine, d'améliorer le niveau sanitaire et les structures d'éducation, et, d'une manière générale, de permettre l'accès à des conditions d'existence plus décentes si l'on veut véritablement freiner la croissance de la population.